Saint Grégoire, illuminateur de l'Arménie

Saint Grégoire l'Illuminateur de l'Arménie

(né vers 240-257, mort vers331)

Fils d'Anak, le Parthe, et apparenté au roi d'Arménie, Koussar, qui sur l'ordre du roi de Perse Artasuras sera assassiné par Anak. En châtiment de ce crime toute la famille d'Anak fut excutée à l'exception de Grégoire et d'un de ses frères, sauvés par leurs nourrices. Exilé, Grégoire s’établit à Césarée de Cappadoce. Dans cet univers chrétien, il est initié à la foi chrétienne et baptisé.Père de deuxenfants, Aristakès et Vertanès,il se met au service de Tiridate, fils du roi assassiné, également exilé à Césarée, mais sans révéler son identité. Sous le nom de Tiridate IV d'Arménie, celui-ci accède de nouveau au trône grâce à des services rendus aux Romains. Soucieux de restaurer les fêtes de la déesse Anahit, Grégoire s' oppose au roi et lui exprime son mécontentement. Ce dernier le fait jeter dans une fosse, appelée par la suite "Prison de saint Grégoire", où il reste treize ans, soumis à de cruelles tortures (que la légende a sans doute amplifiées), mais inébranlable dans la foi, ne cessant de rendre grâces à Dieu. Lorsque Tiridate apprit que Grégoire était le fils du meurtrier de son père, sa rage redoubla. Mais devenu gravement malade et sur le conseil de sa sœur, Koussarodoukta, qui en rêve avait reçu la certitude que seul Grégoire pourrait le guérir, il décide de le libérer. Celui-ci le guérit miraculeusement.

Par la suite, il devient le premier catholicos d'Arménie. Ordonné évêque de Césarée de Cappadoce en 314, il baptise Tiridate, sa cour et ses sujets, faisant ainsi de l'Arménie une nation chrétienne, la plus ancienne au monde. Si l'Église d'Arménie existait déjà en partie, c'est lui qui en devient le véritable fondateur, en créant des évêchés( la légende en évoque quatre cents, en fait l’Eglise en comptait plutôt une douzaine). Avec la participation du roi, sur les anciens centres païens détruits, s’érigent un grand nombre d’églises et de monastères.

Un jour qu’ il se trouvait en méditation à Vagharchapat, la capitale (l’actuelle Etchmiadzin près d'Erevan), Grégoire reçoit la vision du Christ frappant la terre d'un marteau pour en faire jaillir un grand édifice surmonté d'une croix. Convaincu de la volonté divine, il fait bâtir avec l'aide du roi l'édifice contemplé en vision.

Une fois la paix établie en Arménie et dans la région, il se retire dans la solitude d'une grotte avec quelques disciples, vivant dans une union continuelle avec Dieu dans la prière, après avoir désigné Aristakès, son fils, comme archevêque de la grande Arménie. Celui-ci prendra part au Concile de Nicée (325) y poursuivant l'oeuvre de son père.

Un historien, Maxime K. Yevadian, rédige actuellement un livre :L'oeuvre de saint Grégoire l'Illuminateur,dans lequel il essaye de démêler les nombreuses sources parfois contradictoires le concernant. Selon lui, les prédications de Grégoire (il en rassemble environ 300) que plusieurs Pères grecs ont lues et méditées, auraient été collectées par Agathange, historien arménien du V^mesiècle (qui influencera bon nombre d'historiens postérieurs et dont l’œuvre se termine avec l’évocation de saint Grégoire). Vu la situation politique en Turquie, les recherches archéologiques y sont rendues problématiques. L'idéologie turque nie la présence arménienne sur son sol. Les sites archéologiques sont systématiquement pillés et les principaux, détruits ; aucune fouille ne peut y être entreprise. C'est dire la difficulté pour un historien de travailler sérieusement. Cependant devieilles traditions prétendent qu’un petit pays, l’Arménie, connut à la fin du IIIe siècle de notre ère, un homme qui l’aida à passer un cap difficile de son histoire. Si l’œuvre de Grégoire est mal connue, il est certain cependant qu’après lui, rien plus jamais, ne fut comme avant. Il serait considéré comme le pivot spirituel de l’Arménie. De par sa seule présence, il a permis à cette société de changer radicalement de mode de vie, de pensée, de foi. Selon notre auteur, lescaractéristiques du christianisme arménien sont mises en place du vivant de Grégoire, grâce en particulier à sa prédication. Les capacités spirituelles de cet homme alliées aux vues politiques de Tiridate ont permis d'établir un espace culturel arménien dont on peut observer les effets dans le Caucase.

Aujourd'hui l'Église apostolique arménienne est une Église orientale, orthodoxe etautocéphale. C'est une desÉglises des trois concilesdites aussi « Églises orthodoxes orientales ».Elle revendique son titre d'« apostolique » en faisant remonter ses origines aux apôtresThaddéeetBarthélemy.

Le « Patriarchesuprême etCatholicosde tous les Arméniens » qui réside àEtchmiadzinprès d'Erevanbénéficie d'une primauté d'honneur parmi les différents hiérarques ; le titulaire actuel est Sa SaintetéGaréguine II(né Ktrij Nersissian dans la village de Voskehat, près d'Etchmiadzin, en 1951) depuis le27octobre1999. Il est le plus haut dignitaire de l'Église apostolique arménienne. Le jeudi23avril2015, lors d'une célébration de commémoration du centenaire dugénocide arménien, il procède à la canonisation des martyrs morts durant le génocide. De toute la chrétienté depuis ses origines, il s'agit de la canonisation la plus importante en nombre de personnes jamais effectuée. La dernière canonisation , celle deGrégoire de Tatev, ayant eu lieu dans l'Église apostolique arménienneremonte au XV^e siècle.

Lors de son voyage apostolique en Arménie, le 25 juin 2016, le pape François visita le complexe Tsitsernakaberd Memorial, un monument qui commémore les victimes du génocide arménien, à Erevan. Il y reconnut le génocide arménien perpétré par les ottomans en 1914-1915, comme beaucoup de gouvernements l'ont fait avant lui, hormis le gouvernement officiel de la Turquie.

Le massacre des Arméniens, de 1915 à 1917, constitue le premier génocide du XXème siècle.Minorité chrétienne de l'Empire Ottoman, la population arménienne était majoritaire dans les provinces orientales de l'Empire. Perpétré par le gouvernement Jeunes-Turcs de l'Empire Ottoman, ce génocide a rayé de la carte près de 1.500.000 Arméniens, sur une population totale d'environ 2 million de personnes.

Chaque année, le 24 avril, jour de la 1^èrerafle en 1915 et devenu jour férié, les arméniens d'Arménie et de la diaspora commémorent les victimes du génocide..

Que dans la situation difficile que traverse la Turquie actuelle, saint Grégoire l'Illuminateur soit lumière pour les dirigeants et le peuple de cette nation.

Valère De Pryck et sœur Myriam, clarisse

Sources : Internet, Marion Duvauchel, Saint Grégoire Illuminateur de l'Arménie.

Maxime K. Yevadian,L'oeuvre de saint Grégoire, l'illuminateur, Éd.Sources d'Arménie, Armenia christiana,Lyon, 2009.